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TECHNIQUE
de la pinasse à voile
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Les
constructeurs de pinasses à voile du Bassin d'Arcachon |
Voici une liste
(non exhaustive) de chantiers navals du Bassin d'Arcachon
capables de réaliser des pinasses à voile :
Chantier
Bossuet
1 Rue Alexandrine
33260 LA TESTE DE
BUCH
http://www.chantier-naval-bossuet.com/
Chantier Bonnin
http://www.chantier-bonnin.com
Chantier
Dubourdieu
http://www.dubourdieu.fr/
Chantier Raba
13 Rue Camille Pelletan
33260 LA TESTE
DE BUCH
Chantier
Gregory DEBORD
Port de Meyran
33470 GUJAN MESTRAS
https://www.facebook.com/Debord-Naval
Lycée de la
Mer
Port de la Barbotière
33470 GUJAN MESTRAS
https://www.lyceedelamergujan.fr
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Principes
de construction |
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La pinasse se
distingue de la plate par ses extrémités pincées, par la
présence de "quilles d'angles" au joint de la
"sole" et du bordé, par ses membrures ployées et une
quille. La construction en est plus savante. La nécessité
d'affronter les passes et l'Atlantique a sans orienté cette
évolution plus maritime.
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La
sole |

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Quatre planches de
pin (15 à 20 mm d'épaisseur) de part et d'autres de la quille
centrale. Elle est bordée par les quilles d'angles auxquelles
elle est assemblée par pointage dans nune rainure. Les
extrémités sont assemblées dans la rablure en bas des courbes
de l'étrave et de l'étambot. Longueur moyennes à la sole 7m50
pour une largeur de 1m10.
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D'après
Bateaux des Côtes de France (de François Beaudouin) |
Editions des 4
Seigneurs Grenoble. |
La côte landaise
qui s'étend de l'Adour à la Gironde est constituée par une
plage battue par la houle et par un grand cordon de dunes
stériles derrière lequel les eaux s'accumulent et stagnent en un
long cordon d'étangs peu profonds qui se déversent dans la mer
par quelques rares courants. La seule richesse naturelle de cette
région est la pêche aux anguilles.
Le bassin
d'Arcachon situé au milieu du chapelet des lacs landais reçoit
la rivière la plus importante des Landes, la Leyre, et communique
avec la mer par une large passe; le mouvement alternatif des
courants de flot et de jusant y entretient un réseau complexe de
chenaux naturels profonds et y renouvelle les eaux. Avant le
développement de l'ostréïculture qui lui donne sa richesse
actuelle dans la seconde moitié du XIXème siècle, le bassin
d'Arcachon participe de la pauvreté générale de cette côte
aussi inhospitalière à l'homme du côté de l'eau salée que du
côté de l'eau douce.
Dans cette
région défavorisée, trois bateaux primitifs se sont conservés
jusqu'à aujourd'hui, au sud la galupe et le couralin et la
pinasse au centre.
Les mots du
langage nautique et les noms en particulier proviennent souvent
des racines très anciennes, antérieures à la constitution de
nos langues modernes. Le mot pinasse par exemple possède des
parents proches en anglais : pinace, en hollandais : pinck; en
français nous avons également péniche qui provient de la même
racine et qui selon les lieux ou les époques désigne des bateaux
différents.
Dans son
architecture et dans son accastillage, la pinasse d'Arcachon porte
la trace des influences diverses qui ont marqué l'histoire
nautique de notre pays. La coque, dans sa morphologie et dans son
mode de construction à clin témoigne de son origine germanique.
La technologie de l'aviron, tolet traversant la lisse extérieure
et tombant hors de la coque, erseau et aviron à contre poids, est
typiquement latine. La voile avec son dispositif d'inclinaison
latérale et longitudinale variable est d'origine basque ou
galicienne. Le fond en V variable de la pinasse moderne et la
dérive centrale adaptée à la fin d XIXème siècle témoignent
de l'influence américaine.
La pinasse
possède un mât à inclinaison latérale et longitudinale
combinées et variables qui est à rapprocher des techniques
comparables basques et galiciennes, mais qui est unique en son
genre. Le dispositif est constitué d'une part par le banc de mât
qui est une simple planche amovible, la toste, capelée sur une
paire de tolets de nage et d'autre part par un sabot de mât à
multiples emplantures combinées de façon que l'inclinaison
longitudinale vers l'arrière soit d'autant plus prononcée que
l'inclinaison latérale est plus forte. Cela a pour effet de
déporter le centre de voilure d'autant plus vers l'arrière que
l'allure est plus proche du vent de façon à solliciter plus
fortement l'action antidérive du vaste safran du gouvernail.
D'autres part,
l'inclinaison latérale au vent permet à la voile de porter plein
lorsque la coque possède la gîte qui correspond à sa stabilité
maximale et à la plus grande immersion du bouchain qui fournit
avec le safran du gouvernail la surface latérale nécessaire à
la marche aux allures latérales.
Avec l'adoption
de la dérive centrale ce curieux équilibre est altéré, la
pinasse navigue alors comme n'importe quel dériveur moderne;
cependant elle conserve la particularité assez spectaculaire de
se déformer, de se vriller, sous les sollicitations opposées du
pont d'amure situé au vent et à l'avant, et de l'équipage en
rappel à l'arrière, à à cause de l'extrême légèreté de sa
construction.
A chaque virement
de bord, la mât est soulevé au-dessus du banc et la voile
passée par dessous son pied. Cette manœuvre de changement de
côté de la voile est la plus rapide qui soit, mais pour qu'elle
soit possible le mât doit être très léger; sa fragilité est
telle qu'il casse instantanément si la drisse qui sert de hauban
est larguée alors que la voile travaille encore.
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Les
quilles d'angles |
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Elles constituent
l'arête ou bouchain; elles reçoivent bordés et sole suivant
un angle maximum de 110° au bau, pratiquement nul aux
extrémités. Les parties maîtresses de l'ossature pouvaient
être en chêne.
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Les
bordés |
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Ils sont
constitués de quatre bordés en pin (15 à 20mm) d'un seul
tenant plus un petit triangle à l'avant. Le joint des bordés
entre eux est à clin chanfreiné et riveté. A l'origine le
clin était probablement franc et chevillé.
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Les
membrures |
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Autres
différences avec les plates classiques, les membrures sont
ployées, et en acacia. La maille est généralement de 25 cm.
Leur disposition varie selon les constructeurs et l'utilisation
du bateau. Elles sont rivetées sur les bordés, sur la quille
d'angle et pointées sur la sole.
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Les
varangues |
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Selon le
constructeur, elles peuvent être pointées en alternance avec
les membrures ou sur le bas de la membrure elle-même. Certaines
constructions légères se passaient même complètement de
varangue. Lorsque la varangue est prise sur la membrure, aux
extrémités ou l'angle est maximum, la membrure passe sur la
varangue réduite aux dimensions d'un triangle. Il y a environ
33 membrures pour une pinasse de 8m50.
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La
cingle |
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C'est le bord
supérieur de la coque. Elle reçoit les têtes des membrures. A
l'avant, elle est clouée à l'extérieur de la tête de
l'étrave et forme les "cornes" caractéristiques de
la pinasse. C'est peut-être le souvenir de la construction des
plates dont les bordés étaient assemblés, sans rablure, sur
l'étrave et l'étambot. C'est dans la cingle que sont perçés
les trous pour le passage des 6 tolets (deux pour la toste,
quatre pour les avirons, ainsi que ceux de l'amure).
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Les
plats-bords |
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Ils sont pointés
sur la cingle et ferment sur environ 25 cm au bau la partie
centrale du bateau. Ils sont bordés à l'intérieur par un
petit liston. Aux extrémités, ils sont réduits à la largeur
de la cingle. En régate, on peut disposer des fargues
verticales pour éviter d'embarquer de l'eau à la gite et
lorsqu'il y a du clapot. Les portes-tolets sont boulonnés à
travers cingle et plat-bord. Les plats-bords raidissent la
coque. Epaisseur moyenne : 20 cm.
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Le
mât |
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C'est
un fût lisse de sapin d'une section moyenne de 90 mm à la toste
et selon les dimensions de la voile de 6,50 m de long. La drisse
coulisse dans un réa fixe réalisé en bois dur. Elle actionne un
rocambeau coulissant le long du mât.
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La
toste ou banc de toste |
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C'est un banc
étroit percé en son centre pour le passage du mât et aux
extrémités au diamètre des tolets. La toste repose sur les
portes-tolets, au dessus des plats-bords.
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La
planche à trous |
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Le pied du mât,
cerclé d'un anneau de fer plat se termine par une cheville
métallique qui vient de ficher dans une planche à trous pointés
sur le tillac sous la toste. Elle est perçée d'une ou plusieurs
lignes de trous (au diamètre de la cheville), alignés en forme
de V ouvert vers l'avant (130°). L'espace entre les trous est
d'environ 6 cm, l'écart entre deux ligne d'environ 7 cm. Le but
de cette pièce est de régler l'inclinaison du mât au vent, plus
ou moins selon sa force, et la quête suivant l'allure. Au vent
arrière, le mât est droit, légèrement sur l'arrière.
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La
voile |
Pinasse d'antan
: voile de 15 M2 env.
Pinasse
d'aujourd'hui
: voile de 29 M2
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C'est une voile
"au tiers" d'un type tout à fait archaïque, qui fait
la grande originalité du bateau. Pour qu'elle ait un bon
rendement, il faut qu'elle soit parfaitement établie et centrée
sur la coque. La position moyenne du mât doit être déterminée
entre autre par la longueur du bateau et la longueur de la bordure
libre de la voile (6m50 à 7m). Une fois hissée et étarquée, la
voile doit être à poste, pratiquement sans aucun autre recours
de réglage subsidiaire.
Voir
doc. Voile au Tiers (in Bateaux des Côtes de France
François Beaudouin - Ed. des 4 Seigneurs)
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La
dérive |
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Le puit de dérive,
traditionnellement, se trouve à hauteur du banc de nage avant,
environ deux mailles en avant du milieu, pour sa partie
supérieure. Ce banc est en deux morceaux qui viennent caler le
puit. Le pied du puit se trouve donc un peu en avant du milieu de
la sole. L'angle qu'il forme avec la quille amène donc le sabre
au milieu de la carène. Le puit prend deux mailles, ce qui
détermine la largeur du sabre (50 cm); la longueur moyenne est de
1m70. C'est une simple planche, percée en tête pour faire
poignée. Un tasseau l'empêche d'échapper vers le bas. Le sabre
peut être légèrement courbe si nécessaire.
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